Édition Gallimard (Folio), 2011, 468 p. |
Note attribuée : 7/10
Quatrième de couverture : « Les filles d'honneur invitaient souvent Glumdalclitch dans leurs appartements, et lui demandaient de m'apporter pour qu'elles aient le plaisir de me voir et de me toucher. Souvent, elles me mettaient nu comme un ver et me glissaient tout entier entre leurs seins, ce qui me dégoûtait fort, car, à dire vrai, il s'exhalait de leur peau une odeur très âcre... Elles n'avaient point de scrupule non plus à se soulager devant moi des liquides qu'elles avaient bus : c'est-à-dire d'au moins la valeur de deux barriques, dans des récipients qui jaugeaient trois tonneaux. La plus jolie des filles d'honneur, une plaisante luronne de seize ans, s'amusait parfois à me mettre à cheval sur la pointe de son sein, ou à d'autres petits jeux, que le lecteur voudra bien me pardonner de passer sous silence... »
Avis : Publié en 1726, ce roman est l'œuvre majeure de l'écrivain irlandais Jonathan Swift (1667-1745). Le livre comporte quatre grandes parties chacune étant un récit d'un voyage effectué par le personnage principal, Lemuel Gulliver. La première des ces aventures est sans doute la plus connue, il s'agit du voyage à Lilliput, un pays dont les habitants, les Lilliputiens, ne mesurent que 15 cm environ.
Derrière ces voyages loufoques, le but de l'auteur n'est pas le divertissement mais bien la critique de la société anglaise du XVIIIe siècle, de ses mœurs, de ses dirigeants ainsi que de ses institutions politiques et académiques. Dans la quatrième et dernières partie, voyage chez les Houyhnhnms, le contenu philosophique est plus dense et le ton encore plus dur : cette fois-ci c'est le genre humain tout entier qui est visé et ses travers (cupidité, agressivité, soif de pouvoir, méchanceté, etc.) sévèrement condamnés.
Swift est un mélange de Rebelais et de Voltaire. Avec Rabelais, il partage une imagination débordante tant au niveau du récit qu'au niveau de la langue. On appréciera ainsi les dizaines de néologismes éparpillés tout le long du livre et qui sont aussi savoureux qu'imprononçables : Lhnuwnh, Glubbdubdrib, Ynlhmndwihlma, etc. Avec Voltaire, il a en commun une critique acerbe et mordante de ses contemporains, le tout sur un ton satirique et ironique.
Il faut signaler la bonne qualité de l'édition Gallimard (collection Folio). Outre une belle traduction de Jacques Pons avec un style assez soutenu et un peu désuet qui reproduit bien la langue du XVIIIe siècle ; il y a aussi une bonne préface (toujours à lire en dernier) ainsi qu'un très bon dossier. Ce dernier comporte, entre autres, un appareil de notes utiles pour connaître ceux qui sont visés par Swift ainsi qu'un « Glossaire des langues gullivériennes » qui fournit l'étymologie et la signification des néologismes introduits par l'auteur.
Ce roman présente néanmoins un défaut : il a mal vieilli et ce n'est ni la faute de l'auteur ni celle du lecteur contemporain, mais les presque trois siècles qui les séparent. Pour apprécier cette œuvre à sa juste valeur, il faut être un bon connaisseur de l’Angleterre du XVIIIe siècle, ce qui n'est pas le cas du lecteur lambda.
Les Voyages de Gulliver ont fait l'objet de nombreuses adaptations cinématographiques et télévisuelles. Personnellement, après avoir lu le livre, j'ai visionné deux d'entre elles. La première, qui est aussi la plus récente (2010), est celle avec Jack Black interprétant Gulliver. Franchement, elle est médiocre. Swift a dû se retourner dans sa tombe tant ce film dénature et défigure son œuvre. La seconde adaptation, qui date de 1996, est celle de Charles Sturridge avec Ted Danson dans le rôle principal. Ce téléfilm de 3 heures est vraiment excellent : il est fidèle au livre et bénéficie d'un beau casting, le tout avec une magnifique réalisation. Seul bémol, cette œuvre est quasi introuvable sur le marché.
Conclusion : Bon livre signé par l'un des plus grands satiristes irlandais et qui procure un agréable moment de lecture et de dépaysement. Pour l'édition, il faut faire attention : certaines ne comportent même pas le texte intégral et sont plutôt des adaptations tronquées et destinées à un public jeune. Aussi, je vous conseille celle de Gallimard (collection Folio) pour ses qualités mentionnées plus haut.
Avis : Publié en 1726, ce roman est l'œuvre majeure de l'écrivain irlandais Jonathan Swift (1667-1745). Le livre comporte quatre grandes parties chacune étant un récit d'un voyage effectué par le personnage principal, Lemuel Gulliver. La première des ces aventures est sans doute la plus connue, il s'agit du voyage à Lilliput, un pays dont les habitants, les Lilliputiens, ne mesurent que 15 cm environ.
Derrière ces voyages loufoques, le but de l'auteur n'est pas le divertissement mais bien la critique de la société anglaise du XVIIIe siècle, de ses mœurs, de ses dirigeants ainsi que de ses institutions politiques et académiques. Dans la quatrième et dernières partie, voyage chez les Houyhnhnms, le contenu philosophique est plus dense et le ton encore plus dur : cette fois-ci c'est le genre humain tout entier qui est visé et ses travers (cupidité, agressivité, soif de pouvoir, méchanceté, etc.) sévèrement condamnés.
Swift est un mélange de Rebelais et de Voltaire. Avec Rabelais, il partage une imagination débordante tant au niveau du récit qu'au niveau de la langue. On appréciera ainsi les dizaines de néologismes éparpillés tout le long du livre et qui sont aussi savoureux qu'imprononçables : Lhnuwnh, Glubbdubdrib, Ynlhmndwihlma, etc. Avec Voltaire, il a en commun une critique acerbe et mordante de ses contemporains, le tout sur un ton satirique et ironique.
Il faut signaler la bonne qualité de l'édition Gallimard (collection Folio). Outre une belle traduction de Jacques Pons avec un style assez soutenu et un peu désuet qui reproduit bien la langue du XVIIIe siècle ; il y a aussi une bonne préface (toujours à lire en dernier) ainsi qu'un très bon dossier. Ce dernier comporte, entre autres, un appareil de notes utiles pour connaître ceux qui sont visés par Swift ainsi qu'un « Glossaire des langues gullivériennes » qui fournit l'étymologie et la signification des néologismes introduits par l'auteur.
Ce roman présente néanmoins un défaut : il a mal vieilli et ce n'est ni la faute de l'auteur ni celle du lecteur contemporain, mais les presque trois siècles qui les séparent. Pour apprécier cette œuvre à sa juste valeur, il faut être un bon connaisseur de l’Angleterre du XVIIIe siècle, ce qui n'est pas le cas du lecteur lambda.
Les Voyages de Gulliver ont fait l'objet de nombreuses adaptations cinématographiques et télévisuelles. Personnellement, après avoir lu le livre, j'ai visionné deux d'entre elles. La première, qui est aussi la plus récente (2010), est celle avec Jack Black interprétant Gulliver. Franchement, elle est médiocre. Swift a dû se retourner dans sa tombe tant ce film dénature et défigure son œuvre. La seconde adaptation, qui date de 1996, est celle de Charles Sturridge avec Ted Danson dans le rôle principal. Ce téléfilm de 3 heures est vraiment excellent : il est fidèle au livre et bénéficie d'un beau casting, le tout avec une magnifique réalisation. Seul bémol, cette œuvre est quasi introuvable sur le marché.
Conclusion : Bon livre signé par l'un des plus grands satiristes irlandais et qui procure un agréable moment de lecture et de dépaysement. Pour l'édition, il faut faire attention : certaines ne comportent même pas le texte intégral et sont plutôt des adaptations tronquées et destinées à un public jeune. Aussi, je vous conseille celle de Gallimard (collection Folio) pour ses qualités mentionnées plus haut.
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